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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/208

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projets et espérances

se tournant vers les écussons de Strasbourg et de Metz qui décoraient la salle, soulevait les applaudissements de l’assistance en évoquant l’image de l’Alsace qui planait sur la nouvelle école ; ce nom lui rappelait nos désastres récents. Comment des champs de bataille aujourd’hui déserts qu’a fécondés le sang français, comment le vent d’Alsace ne lui a-t-il pas apporté un écho de protestation contre ses propres paroles ? Avait-il fait le compte des héros que les dominicains, les jésuites et tous les autres ordres enseignants ont donnés à la France moderne ? Espérait-il qu’en laïcisant l’éducation on ferait l’union plus étroite devant l’ennemi et la bravoure plus désintéressée au jour du péril national ? Il ne pouvait y compter, car c’est impossible. Les émigrés ne sont plus et leurs fils entendent différemment le patriotisme ; quand il s’est agi de défendre le sol français et quand plus récemment on a voulu planter notre étendard sur des plages lointaines, tous ils ont donné, et au premier rang, les anciens élèves de nos écoles libres.

Et puis, quoi ? Veut-on que toute la jeunesse française soit coulée dans le même moule ? Veut-on que l’État ait le droit exclusif de meubler les jeunes cerveaux, comme il a celui de faire du tabac ou des allumettes ? Est-ce la contradiction qui exaspère ou la concurrence qui inquiète ? Quelle est cette