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un discours de paul bert

folie de vouloir transformer en monopole la plus sainte des indépendances ? De là à cette stupide et immonde législation spartiate qui confisquait les enfants à peine élevés, pour les donner à la nation, il n’y a qu’un pas. L’État nous opprime et nous écrase ; son poids augmente sans cesse : c’est lui qui est devenu le grand collecteur et le grand distributeur de toutes choses ; machine colossale dans les rouages de laquelle viennent se perdre les forces vives du pays. À diverses reprises depuis des siècles, il a été le tombeau de nos libertés ; que celle-là du moins soit consolidée contre toutes les attaques : elle le mérite par les services qu’elle a rendus.

Paul Bert lui-même est obligé de les reconnaître. « L’Université, dit-il, est comparable à un vaisseau de haut bord, portant sous pavillon tricolore l’avenir et l’honneur de la patrie. Quand il s’agit de manœuvrer parmi les hauts-fonds et les récifs des méthodes nouvelles, elle ne saurait s’aventurer, car elle tire beaucoup d’eau et la responsabilité du commandant est trop grande. Elle a besoin de bateaux-pilotes légers et calant peu qui peuvent aller partout, tâtant et jetant la sonde jusqu’à ce qu’ils aient trouvé le chenal navigable où peut s’engager la grande nef. » Cela est bien dit et cela est vrai : l’Université a ainsi toute une flottille autour d’elle ; mais, déchargée d’autant, elle est