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l’école monge à éton

vous commencerez par être libres pour la récréation, vous le serez ensuite dans les études. — Mais songez qu’il faut du temps et beaucoup de bonne volonté de votre part, car un tel régime serait inapplicable en ce moment ; vous n’en pourriez porter les bienfaits. Laissez-moi vous dire que vous êtes très incomplets sous ce rapport. Si vous le voulez pourtant, les choses iront vite ; et tenez, il faut que dans un an vous discutiez dans une assemblée parlementaire comme celle d’Eton les mérites de l’éducation anglaise, — et je vous promets aussi un article pour le premier numéro de la Revue de l’école Monge.

En Angleterre, le self-govemment s’apprend à l’école et c’est ainsi que les citoyens se forment à la vie publique. Ce point de vue m’amène au troisième des motifs que je vous indiquais ; il est d’un ordre plus élevé que les deux autres : c’est un motif de patriotisme. Je ne vous dirai pas qu’il faut être prêt à mourir pour la France, parce que je n’admets pas qu’il y en ait un parmi vous, si petit qu’il soit, qui redoute dans l’avenir le champ de bataille et la mitrailleuse ; mais je vous dirai qu’il faut vivre pour la France. — Un grand courage, une immense bonne volonté, des aperçus très nets de ce qu’il y aurait à faire, et pourtant du désordre, de l’incertitude, de la désunion, voilà ce qui distingue en ce moment les citoyens français ;