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Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/137

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action morale et sociale des exercices sportifs

ii. — La question étant ainsi « déblayée » de tout ce que, sous une forme ou sous une autre, y mêlent les sens, nous sommes plus aptes à étudier les répercussion possibles[1] du sport sur le caractère. Le sport ouvre à cet égard deux sources précieuses de perfectionnement. Il ne peut en effet s’accommoder ni du mensonge, ni du découragement. L’antinomie du mensonge et du sport découle de cette nature mathématique et réaliste des résultats sportifs sur laquelle nous insistions tout à l’heure. Elle est absolue. Un sportif ne peut tricher utilement ni avec autrui ni avec soi-même ; le chiffre et le fait sont là et leur relief brutal le rappelle au culte de la vérité. De même, se décourage-t-il, le plus lourd des handicapages pèse sur lui ; il ne réussira jamais qu’à condition de surmonter toute velléité de défaillance prolongée et ce n’est qu’à doses de volonté distillée que ses progrès s’inscriront en une courbe satisfaisante.

Une autre répercussion du sport sur le caractère vient du dosage des qualités contraires dont le sportif a besoin. Il faut à celui-ci de l’audace et de la prudence mélangées, c’est-à-dire, en l’espèce, de l’élan et du calcul. Il lui faut de la méfiance et de la confiance, c’est-à-dire une claire notion des difficultés et pourtant la foi qu’il en viendra à bout. Sans doute ce dosage est toujours imparfait ; le penchant de l’individu l’emporte d’un côté ou de l’autre. Cela est si vrai que, lorsque des scolaires encouragent des camarades au départ d’un concours sportif, on les entend

  1. On doit insister sur le mot possible, car il faut toujours se remémorer que, contrairement à l’optimisme des disciples de J.-J. Rousseau, la nature entièrement livrée à elle-même ne réussira ni à engendrer l’activité sportive ni surtout à s’en servir pour bronzer la personnalité morale.