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Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/136

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pédagogie sportive

aussi, faites d’aveux et de regrets… colères souvent sans éclats mais dont les conséquences n’en sont que plus durables et plus profondes. Les sources d’alimentation sont nombreuses : instincts comprimés, sentiments méconnus, occasions manquées,… mais les résultats sont toujours les mêmes, à savoir : l’aigreur concentrée ou la violence habituelle, les fausses manœuvres, le mécontentement de soi et d’autrui, le jugement obscurci, le geste dévié. À l’heure actuelle, la colère est partout dans le monde : elle trouble à la fois le foyer familial et les institutions sociales ; elle compromet à la fois le repos de l’individu et la paix publique. Or le sport est le plus grand « apaiseur » qui soit. Nulle recette supérieure n’existe pour faire tomber l’irritation, dissiper la mauvaise humeur, redresser le cours des idées, replacer l’organisme au service du vouloir. « L’homme exaspéré qui brise une chaise se calme aussitôt mais au dépens du meuble détruit et de sa dignité diminuée. Qu’il recoure à l’exercice intensif : l’effet sera le même, mais rien ne sera détruit ; au contraire une force précieuse aura été produite et emmagasinée. Théodore Roosevelt savait cela lorsqu’au début de sa carrière politique, ayant sous sa juridiction la police de New-York, il osa ouvrir des salles gratuites de boxe dans les quartiers mal famés ce qui amena une diminution immédiate et considérable des rixes sanglantes dont cette portion de l’énorme cité était journellement le théâtre[1]. »

  1. Discours prononcé par le président du Comité International Olympique à l’Hôtel de Ville d’Anvers le 18 août 1920 en présence du roi des Belges pour l’ouverture de la session du Comité.