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action morale et sociale des exercices sportifs

procure ainsi d’heureuses occasions d’influer sur le caractère ne risque-t-il pas d’y introduire aussi de mauvaises germes ? Le goût de la force brutale, par exemple ?… On l’a dit. C’est un thème commode pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que le sport et n’y voient que plaies et bosses. Le sport donne bien le goût de la force, mais de la force cultivée, travaillée, contrôlée et honnêtement utilisée. C’est là un goût qui est sain et dont une civilisation tire plus de profits que d’inconvénients. Non ; s’il y a un péril à redouter, il est d’une autre nature. Nous l’avons déjà rencontré sur la route : c’est le goût des applaudissements. Il est dévoyeur et corrupteur au premier chef. C’est assez que le champion y soit exposé, le champion dont l’existence est nécessaire au progrès de la collectivité. Que du moins le concurrent ordinaire, le scolaire surtout, en restent préservés. Pour en finir avec cette question déjà traitée ci-dessus, plus on arrivera à diminuer autour du sportif les contacts malsains de la publicité et à réduire aux circonstances solennelles le crépitement dangereux des acclamations, plus la renaissance sportive actuelle aura chance de durer et d’accomplir jusqu’au bout sa mission régénératrice.

iii. — Tout sportif qui veut sérieusement le perfectionnement est amené à s’examiner et ainsi que nous l’avons déjà dit, à mettre en pratique le Γνῶθι σεαυτόν des Anciens ; seulement son examen demeure physique et éventuellement psychique. Il y a assez loin de là à l’inspection morale de la conscience et pourtant l’instrument est le même. Ce ne sont que l’objet et la nature des observations qui diffèrent. Le mécanisme de la conscience est celui d’un tribunal