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Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/140

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pédagogie sportive

dont il faut tenir les rouages éveillés ; il repose sur la notion toujours présente de l’imperfection. Or, en sport, cette notion s’impose avec un relief singulier. Quel est le sportif, à moins d’une victoire trop facile, qui ne se demande, au sortir de l’épreuve, s’il n’aurait pu faire encore mieux, ou ne cherche à se rendre compte, en cas de victoire disputée, à quel moment et pourquoi il a failli perdre. Il relève les infériorités qui sont à sa charge et celles dont il ne se croit pas responsable. Les unes et les autres viennent enrichir son expérience et préparent directement de la sorte l’amélioration de ses performances futures. Eh bien ! tout cela n’est-il pas transportable sur le terrain moral et de telles habitudes d’esprit appliquées à des faits moraux ne constituent-elles point un instrument de progrès d’une incontestable valeur ? Encore faut-il que la cloison assez épaisse qui sépare les deux domaines soit jetée bas. L’éducateur ne s’en avisant guère, ce n’est pas généralement le sportif qui y songera de lui-même ; ainsi la cloison subsiste tout du long de la vie sportive de l’individu. Il n’en demeure pas moins que l’examen de conscience — seul véritable moyen de perfectionnement moral pour l’homme — possède dans le sport comme un jardin d’essai où l’habitude se prendrait aisément des gestes nécessaires. Et c’est là une possibilité de très grandes conséquences. À la pédagogie d’en profiter.

Action sur les rouages sociaux.

Le lien entre l’effort individuel et la force collective était bien connu des Anciens. Civium vires, civitatis vis disaient les Romains en leur langage lapidaire. Formule excellente mais qui demande