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sationnel, à cette foule énervée et bruyante. À plusieurs reprises pourtant s’esquissent des mouvements de salutaire réaction mais peu à peu l’opinion se détache et se détourne ; la religion athlétique perd ses fidèles : elle n’a plus que des clients.

Rome et Byzance.

Certains généraux grecs, avant la bataille, faisaient combattre sous les yeux de leurs troupes des prisonniers de guerre ; le vainqueur recevait la liberté. On trouvait que ce spectacle entretenait le moral des soldats. Il semble qu’un usage semblable ait existé chez les Étrusques à l’occasion des funérailles des chefs militaires. En tous cas, ce fut l’origine des combats de gladiateurs, devenus la distraction favorite du peuple romain. Le premier de ces combats eut lieu à Rome l’an 490 av. J.-C., la première année des guerres puniques. Or huit siècles plus tard, saint Augustin dans ses Confessions déplore l’indestructible passion de son ami Alype, à Carthage, pour ces combats dont il croyait avoir réussi à le détourner : « à peine eut-il vu couler le sang qu’il en devint comme avide, s’enivrant de ces voluptés sanguinaires. » On peut se rendre compte par là combien durable et violent fut l’attachement des Romains aux Jeux du cirque[1] et de quelle popularité jouissaient les gla-

  1. Le cirque romain était ovale et différait donc essentiellement du Stade grec. Pourtant les Grecs avaient aussi pratiqué la forme elliptique. Si les stades d’Olympie, de Delphes, d’Épidaure, d’Athènes, de Messène, de Cibyra en Lycie affectent la forme classique, celui d’Aphrodisies en Carie est elliptique. Les principaux cirques de Rome étaient