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Page:Pierre de Coubertin - Pédagogie Sportive, 1922.djvu/40

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pédagogie sportive

jamais eu d’assises fixes comme lieux et comme dates, rappelant les Jeux Olympiques ; il est resté à cet égard très fantaisiste d’allures. Il ne fut pourtant pas individualiste comme l’était l’athlétisme antique ; il reposait en général sur le besoin de groupement mais sans atteindre la notion d’association régulièrement constituée et permanente — notion qui sera caractéristique du mouvement moderne. Il a eu pour principaux incitants l’émulation des chevaliers entre eux et l’imitation par le peuple des gestes de ceux-ci. La recherche de la beauté et l’idée civique grecque lui furent étrangères. Enfin on lui doit l’introduction d’une coutume nouvelle : l’appel aux dames pour encourager le sport et couronner les vainqueurs — et d’un idéal nouveau : l’esprit chevaleresque. L’esprit sportif n’était que la loyauté pratiquée sans hésitation. L’esprit chevaleresque est une coquetterie de beau joueur, incitant à avantager l’adversaire à son propre détriment.

TEMPS MODERNES

Lorsque J.-J. Rousseau, en termes bien vagues, recommanda une culture physique qui d’ailleurs ne reposait point sur le principe sportif, il ne trouva guère d’écho[1]. Un peu plus tard, un Américain de marque, Noah Webster, devait proclamer cette vérité audacieuse : « qu’une salle d’armes n’est pas moins néces-

  1. Il restait en Allemagne quelque Ritterschulen ou Adels-Akademien où les jeunes nobles pouvaient apprendre l’escrime et l’équitation. À Paris où en 1657 subsistaient encore 114 jeux de paume, il n’y en avait plus en 1780 que 10 et qui déclinaient. En 1839 il n’en restera plus qu’un, sur le point de fermer.