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pédagogie sportive

d’honorer les dieux. « Il n’est pas de plus grande gloire pour un homme, dira un héros de l’Odyssée, que d’exercer ses pieds et ses mains ». La société dépeinte dans l’Iliade est déjà fortement sportive : luttes, courses à pied, lancers… compétitions solennelles en vue desquelles chacun s’entraîne et qu’entoure un appareil religieux : la religion de l’athlétisme est née[1].

Elle aura bientôt ses cérémonies périodiques et ses temples pour le culte quotidien. Les cérémonies, ce seront les grands Jeux : Jeux Pythiques, Isthmiques, Néméens et les plus illustres de tous, les Jeux Olympiques. Les temples, ce seront les gymnases, foyers de vie municipale assemblant adolescents, adultes, vieillards autour de cette préoccupation d’exalter la vie de l’humanité qui est à la base de tout l’hellénisme et se reflète si nettement dans sa conception d’un au-delà crépusculaire où domine le regret du séjour terrestre.

Le gymnase grec.

Gymnase vient de gumnos qui veut dire nu ; pourtant les athlètes portaient des caleçons. Pausanias cite un coureur qui perdit la course parce que son caleçon s’était détaché. Au terme gymnase, Vitruve, Celse et Pline l’Ancien préfèrent celui de palestre (de palé lutte). Quant au terme athlète, il a pour origine athlos qui signifie récompense, ce qui indique bien l’idée fondamentale de concours et d’émulation.

Le gymnase était un vaste ensemble de constructions et d’espaces découverts, enchevêtrés et généralement reliés par des portiques. Salles d’escrime, salles

  1. « Les dieux sont amis des Jeux », disait Pindare.