Aller au contenu

Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
souvenirs d’amérique et de grèce.

au travers de ses études scientifiques qui ne paraissent pas en avoir souffert, les soirées passées à répondre à des lettres ou à corriger des épreuves.

La plume de Tello parle une jolie langue, simple et légère, et c’est en ces termes qu’il a apprécié, une fois, ce que lui-même doit à son journal : « Vous ne sauriez croire combien cela aide à l’éducation d’un garçon, d’avoir ainsi un petit journal à conduire et combien cela lui fait toucher du doigt l’utilité pratique de ce qu’on lui enseigne. Si j’ai bien réussi avec le Sunny Hour, cela tient d’abord à ce que, travaillant pour les autres, j’y apportais plus d’ardeur et de dévouement, et ensuite à ce que je n’ai jamais perdu de vue la nécessité d’une bonne réclame pour « pousser le journal » et celle de bonnes finances pour le soutenir. Je ne dépense jamais un sou de plus qu’il n’est nécessaire et que je ne puis en dépenser. Tout garçon ou fille de mon âge aurait réussi de même par ces moyens. »

Ne trouvez-vous pas ces lignes délicieusement fraîches ? Quelle leçon donnée aux éducateurs du vieux monde qui persistent, les ciseaux de la routine à la main, à tailler les caractères en charmilles, avec des allées bien droites, des arches bien régulières et des angles bien nets ! Ceci est du Jean-Jacques Rousseau, mais du Jean-Jacques Rousseau mis au point, dépouillé de toute prétention, de tout enfantillage, dépouillé de tout ce qui fausse et déforme le sens de la nature et du vrai si profondément marqué dans l’Émile. Vous me direz qu’il s’agit d’un phénomène,