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souvenirs d’amérique et de grèce.

de souplesse, d’agilité et, quand il est sain, il y prend plaisir ; mais le sport, nous l’avons dit, est quelque chose de plus ; il suppose la lutte et, par conséquent, la préparation voulue, raisonnée, l’entrainement : il suppose le désir ardent de la victoire et la jouissance morale qui en résulte.

J’emploie ce mot « sport » pour me faire mieux comprendre de ceux auxquels il est familier ; mais je l’emploie à regret. Il s’y mêle je ne sais quel parfum de sotte mondanité, de mauvaise anglomanie. C’est : athlétisme, qu’il faut dire. Le terme était à portée ; il suffisait de le dépouiller des scories qui le revêtaient et de lui rendre sa signification antique, très pure et très précise. Il faut pour cela un peu de temps. Je me souviens qu’en 1889, au Ministère de l’Instruction publique, il y eut, autour d’un tapis vert, de beaux débats à ce sujet. On avait décidé d’organiser un Congrès d’Éducation physique à l’occasion de l’Exposition universelle ; j’en étais secrétaire ; la commission critiquait mon vocabulaire ; elle repoussait « sport » à cause des courses de chevaux, et athlétisme, à cause des Hercules de la foire de Neuilly. Nous prenions des périphrases pour expliquer notre pensée. Mais, aujourd’hui, « athlétisme » a prévalu.

Le mot avait disparu, jadis, parce que la chose était morte. Les Jeux Olympiques avaient cessé parce que le germe de l’athlétisme était épuisé. Il a reparu au xixe siècle. D’où vient-il ? Comment s’est-il conservé et pourquoi a-t-il reparu ? Pendant des siècles sa trace est perdue. On a pensé la suivre à travers le monde romain. Mais ni les exercices du Champ de