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la préface des jeux olympiques.

la plus importante de Grèce, j’exposai nos vues et les moyens propres à les réaliser. Je sentais l’auditoire à la fois sympathique et ironique. Avec ce mélange d’ardeur et de sang-froid qui en fait un peuple si primesautier et si réfléchi, le Grec se donne et se reprend tour à tour, hésitant toujours devant la parole qui l’enchaînera, heureux des compliments qu’on lui apporte et se méfiant de celui qui les lui apporte.

Les éléments de succès n’étaient pourtant ni assez nombreux ni assez apparents pour déterminer un de ces courants d’opinion qui entraînent les gouvernants, et, tout en continuant à négocier, j’entretenais une correspondance avec notre délégué hongrois, M. Franz Kemény. En 1896, la Hongrie devait fêter par une exposition le millième anniversaire de sa naissance à la vie politique. Si les Jeux Olympiques ne pouvaient avoir lieu à Athènes, on les célébrerait à Budapest. Mais avant d’en arriver là, tout serait tenté en vue de donner à leur inauguration le cadre qui lui convenait par excellence. Je me souviens d’avoir erré souvent aux alentours du Stade, le rebâtissant en esprit tel qu’il était au temps de Périclès et tel qu’il est maintenant, avec ses longs degrés de marbre, ses statues, son enceinte immense. Dix-huit mois ont suffi pour que le rêve devint réalité. Un nouvel Hérode Atticus a voulu doter sa ville natale d’un monument qui commémorât dignement la réouverture des Olympiades.

Lorsque je quittai Athènes, j’étais parvenu à y constituer un Comité embryonnaire qui devait faire appel au pays, demander des subsides et préparer les