Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
souvenirs d’amérique et de grèce.

hellénique, à faire de la diplomatie, à déposer des cartes, à interviewer les journalistes. Le matin, à l’aube, en venant du Pirée, j’avais aperçu dans un nuage d’or, sur son rocher rouge, le divin Parthénon ; pendant trois jours, je ne le revis plus qu’en fuite rapide aux croisements des rues ; je roulais en landau, avec un ami, par les carrefours poussiéreux ; le cocher, grand partisan des Jeux Olympiques, descendait parfois de son siège et nous tenait de longs discours, indiquant à mon ami « comment je devais m’y prendre avec Tricoupis ». Nos peines, du moins, n’étaient pas inutiles et nous avions conscience d’avoir fait de bonne besogne en rentrant, le soir, fatigués des paroles échangées, des idées ressassées. Le président du Conseil m’avait fait le grand honneur de ne pas attendre ma visite et de venir me chercher à l’Hôtel de la Grande-Bretagne. Je le vois encore assis sur un divan, son profil accentué se détachant sur la muraille blanche ; je le regardais curieusement ; il incarnait devant moi, en ce premier contact avec la Grèce moderne, l’œuvre athlétique, le merveilleux « rétablissement » accompli par ce peuple impérissable dont cinq cents ans de servitude n’ont pas eu raison.

M. Tricoupis ne se laissa pas gagner. Jusqu’au bout il demeura ferme dans son refus de concours. Mais j’obtins de lui, après quinze jours, une promesse de « neutralité bienveillante ». Le commerce d’Athènes, les sociétés sportives, quelques personnages influents se prononçaient pour les Jeux. Dans une conférence au « Parnasse », la société littéraire