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lettres olympiques.

plus facilement que nous l’organisation aérienne de cette démocratie antique avec qui la leur présente plus d’une ressemblance. C’est sous l’empire de cette impression qu’ils ont fondé à Athènes une école d’archéologie. Le fait est assez peu connu et l’on ne paraît pas se rendre compte de sa portée ; elle est cependant considérable. Cette colonie américaine établie sur les flancs du Lycabète, entretenue par les dons volontaires des citoyens, uniquement adonnée à la culture de la science, ouvre sur l’avenir des États-Unis des perspectives infinies.

Les Grecs qui aiment les Américains et s’en savent aimés ont donc applaudi de bon cœur à leur succès ; ils ont même souri à cet étudiant de Princeton qui s’est improvisé discobole et s’est adjugé un prix auquel ils se croyaient des droits héréditaires. Mais leur déception eût été immense si la coupe offerte par M. Michel Bréal au « coureur de Marathon » leur avait échappé. Ils n’ont pas eu à subir cet échec. C’est un Grec qui est entré le premier dans le Stade, ayant accompli en deux heures cinquante-cinq minutes les 42 kilomètres qui séparent Athènes de Marathon. L’arrivée a été émouvante. Le Stade était comble. La pittoresque colline qui le surplombe du côté de la mer était, elle-même, couverte de monde ; il y avait là, pour le moins, 60 000 spectateurs. Dans l’hémicycle, se tenaient le roi de Grèce, le roi de Serbie, le grand-duc Georges, l’archiduchesse Thérèse, la princesse royale de Grèce, les ministres et le corps diplomatique. En un clin d’œil, dès que l’approche du vainqueur a été signalée, toute cette mul-