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souvenirs d’amérique et de grèce.

tastique des lanternes vénitiennes. Derrière cette place envahie, par delà ces rues animées se trouvait une maison que la foule des solliciteurs emplissait, il y a dix-huit mois, dont la façade était maintenant silencieuse et le balcon drapé de noir. Quand les visiteurs seront partis et les lampions éteints, le vide qui s’est fait dans cette demeure s’étendra peu à peu et se fera sentir jusqu’aux frontières Et le souvenir du défunt, par une ironie du sort, va rester lié à celui de ces Jeux Olympiques dont il se montra l’adversaire irréconciliable

C’est ce matin même qu’ils ont pris fin. La distribution des récompenses les a dignement clôturés. Le ciel redevenu clément épandait sur cette scène très simple d’éblouissantes clartés ; des pigeons, ornés de rubans aux couleurs hellènes, voltigeaient dans le Stade. L’appel se faisait en grec : on proclamait le nom du lauréat, celui de son pays et le détail de sa victoire : il paraissait alors sur l’estrade devant le souverain qui, souriant, le complimentait et lui remettait son prix. Chacun recevait un rameau d’olivier, un diplôme et une médaille, œuvre de Chaplain. Le célèbre artiste a gravé sur une face la silhouette du rocher de l’Acropole, avec les Propylées, et le Parthénon : sur l’autre face Jupiter Olympien tenant en main l’image de la Victoire. Du dieu on ne voit que la tête, énorme et lointaine, à travers la double distance de l’espace et du temps ; devant elle se détache toute proche et très en relief la Victoire qui n’a pas d’âge et réside toujours parmi les humains C’est par excellence le prix « objet d’art » opposé au prix