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souvenirs d’amérique et de grèce.

Le succès définitif est à ce prix ; pour que leurs destinées nouvelles égalent leurs destinées passées, il faut que les Jeux Olympiques soient profondément démocratiques — et rigoureusement internationaux.

vi

Patras, 24 avril 1896.

Départ pour le Péloponnèse ; fuite ensoleillée à travers la grande plaine rouge d’Athènes, puis autour de la baie d’Éleusis, toute bleue et or. Le flot éternel qui recèle le secret des rites mystérieux, soupire avec mélancolie sur la plage ou bien sautille ironiquement sur les rochers. Et ce même mélange de mélancolie et d’ironie s’exhale des ruines, imprègne l’atmosphère, pénètre le voyageur et le suit jusqu’à la petite gare aux murs de plâtre où apparaît — inscription déconcertante — ce grand nom d’Éleusis dont le sens est perdu à jamais. Les caractères qui le composent ont la légèreté d’une dentelle : il semble qu’on va voir au travers et que tout va s’éclaircir soudainement. Mais l’esprit s’épuise en vain à percer les voiles qui sont tendus au delà. Ils sont en nombre infini, enroulés les uns dans les autres et ils deviennent de plus en plus opaques jusqu’à donner l’impression d’un cauchemar. Nulle solution ne satisfait, nulle explication ne convient. On voyait la procession des initiés se former dans la ville de Minerve, on suivait sa marche solennelle sur la voie sacrée, puis dans