Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
chicago.

qui menace la famille entière, on la trouve subitement reformée, réunie comme par enchantement ; sa personne morale était demeurée vivante

Autour des grandes constructions qui donnaient à la World’s Fair ce caractère grave, presque religieux dont s’irritèrent les habitués du Moulin-Rouge et de la danse du ventre, chaque État avait son édifice séparé ; certains, très vastes, contenaient toute une exposition ; la Californie était du nombre ; son art naissant y côtoyait les riches produits de son sol privilégié. Mais la plupart des autres États, ayant exposé dans les galeries nationales, s’étaient contentés d’élever, à Jackson-Park, des pavillons pouvant servir de centres de ralliement à leurs citoyens respectifs ; ceux-ci trouvaient là les journaux du pays[1] ; ils s’inscrivaient sur des registres, et l’État y entretenait, à leur usage, un bureau de renseignements et d’informations.

Puis, à de certains jours, anniversaires d’événements mémorables empruntés à l’histoire locale, le pavillon se décorait ; on drapait les fenêtres avec ces petits oripeaux au moyen desquels les Yankees expriment leur allégresse et qui ont l’air d’une lessive de saltimbanques, et, sur le coup de midi, le gouverneur de l’État, suivi d’un cortège de landaus à cochers nègres, escorté d’un détachement de sa garde

  1. Les États-Unis n’ont rien qui ressemble au Times ; les plus importants journaux de New-York n’étendent guère leur sphère d’action au delà des États voisins. L’Inter Ocean de Chicago, le Daily Picayune de la Nouvelle-Orléans, ou le San-Francisco Examiner n’exercent également qu’une action locale.