l’immortel shérif qui courait à franc étrier après les voleurs de chevaux, et sur place, à lui tout seul, les jugeait et les exécutait, William, le cocher de la Poste qui étranglait ses voyageurs lorsque le coup en « valait la peine », Gilpin, gouverneur élu du Colorado, qui préférait être le premier dans les cloaques de Denver que le second sous les ombrages de Philadelphie : tous ces types étranges sur lesquels s’est exercée la verve des voyageurs lettrés, depuis W. H. Dixon jusqu’au baron de Grancey.
Ô déception ! serait-ce le Faucon Noir cet affreux Indien à la mâchoire carrée, au regard éteint qui, accroupi sur ses talons, guette le passage des trains pour ramasser les bouts de cigare que lui jettent les fumeurs ? Et si ce grand homme calciné qui pose ses pieds crottés sur le velours des banquettes et crache avec persévérance sur le tapis, si celui-là est bien le juge Hiram, pourquoi demeure-t-il silencieux, comme s’il eût renoncé à convertir ses voisins ? À côté de lui se tient un personnage que Dixon a dépeint ; on l’appelle colonel. Il est « tout en bottes et en barbe ». Mais encore ses bottes ont perdu de leur puissance et sa barbe est moins embroussaillée.
Non ! l’Ouest n’est pas une région, car où seraient ses limites ? Du Nouveau-Mexique au Dakota, du Nevada au Kansas, les paysages changent assurément et aussi les climats, les origines, les occupations ; terres fertiles et étendues stériles, forêts d’herbes et forêts d’arbres, nature tourmentée et nature au repos, grands fleuves et ravins sans eau, interminables plaines et montagnes abruptes, le