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Page:Pierre de Coubertin - Souvenirs d Amerique et de Grece, 1897.djvu/30

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l’ouest américain.

voyageur trouve de tout sur sa route, et sa route pourtant est monotone : c’est toujours l’Ouest ! Toutes les races d’Europe ont peuplé ces lieux : le type et l’accent l’attestent à chaque pas ; pourtant tous se ressemblent : ce sont partout les hommes de l’Ouest. Et comme leurs mœurs, leurs idées, leurs conditions d’existence se sont modifiées sans cesse, on ne peut pas dire qu’il y ait là une civilisation caractérisée — pas plus qu’une région fixe. Très dissemblables, le ranch en troncs d’arbres autour duquel le cowboy a galopé librement, la grande ferme qui par la suite est venue jeter au travers de sa course l’entrave de ses enclos, et la ville déjà populeuse aux environs de laquelle la propriété se morcelle et les terrains se bâtissent. Mais tout cela est également triste

Omaha et Council Bluffs se font vis-à-vis ; entre elles coule le Missouri, la grande rivière descendue des profondeurs du nord qui s’en va rejoindre éternellement le Mississippi, son fiancé, troubler son cours et précipiter ses eaux vers les marécages dorés du golfe mexicain. Ici tous les noms sont indiens : les désinences poétiques, parfois, le sens grandiose et philosophique, toujours Mais là ne se borne pas l’empreinte indienne ; elle est bien autrement profonde. Ainsi qu’il arrive souvent, le peuple vaincu, en disparaissant, a pris sa revanche ; il a fortement marqué son vainqueur. Et pourtant le contact a été rarement pacifique, jamais amical et le mélange du