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souvenirs d’amérique et de grèce.

neur le chef du mouvement insurrectionnel, Alvarado. On prévoyait déjà que les États-Unis entreraient bientôt en scène. Cette même année 1836, le Texas s’était révolté. — Dans la nuit du 6 mars, 170 Texiens assiégés depuis onze jours dans l’église de l’Alamo par 4 000 Mexicains avaient péri jusqu’au dernier. Santa Ana, vainqueur, avait fait amonceler leurs corps sur un bûcher monstrueux et avait froidement contemplé la flamme qui les dévorait. De ces cendres immortelles la République texienne était sortie. Mais on savait qu’elle ne durerait pas. À Washington, l’annexion du Texas était décidée, en principe, même au prix d’une guerre avec le Mexique. Aussi une frégate américaine croisait-elle sur les côtes de Californie : son commandant devait, à la première nouvelle des hostilités, débarquer et prendre possession du pays en arborant le drapeau étoilé.

Entre temps, le nombre des Américains augmentait. Des négociants de l’Est, gens entreprenants, quelques-uns fort distingués, s’étaient établis aux environs de Yerba Buena, le minuscule petit village qui allait devenir San Francisco. Dans la vallée de Sacramento, il y avait tout un « settlement » d’aventuriers ou, comme l’on disait, de « pionniers », et parmi eux, quelques impatients qui s’avisèrent un beau jour de peindre un ours sur un drapeau en manière d’armoiries et de proclamer une République indépendante. On rapporte à ce sujet une anecdote assez typique. Ces néo-républicains, désireux de se procurer quelque otage de marque, descendirent pompeusement à Sonoma, le bourg voisin, pour