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le mouvement universitaire aux états-unis.

Au premier abord toutes les grandes cités américaines se ressemblent ; leurs tramways innombrables, leurs constructions géantes, l’animation de leurs rues, l’abondance et l’excentricité des réclames sollicitent l’attention. Le cadre apparaît toujours identique et aussi la vie sociale. On trouve partout les mêmes clubs, les mêmes journaux, les mêmes sujets de conversation, les mêmes types de politiciens ou de financiers, les mêmes alternatives de richesse et de gêne. C’est pourquoi tant d’écrivains se sont persuadés qu’il suffisait de décrire l’aspect de New-York, la carrière de M. Jay Gould et l’organisation de Tammany Hall, pour donner aux européens une idée exacte des États-Unis.

Si l’on voulait une preuve que cette uniformité des hommes et des choses n’est qu’une trompeuse apparence, on la trouverait dans les universités. Sans doute, il y aurait, là encore, matière à rapprochements. Les programmes pédagogiques sont plus ou moins semblables et la direction est toujours confiée à un « président », dont le rôle très actif et très personnel diffère autant de celui du chancelier d’Oxford que des attributions d’un recteur français. Mais ce qui constitue une université vraiment digne de ce nom, ce ne sont ni la façade, ni le règlement, ce sont la manière dont le professeur distribue la science et dont l’étudiant la reçoit, l’action réciproque qu’ils exercent l’un sur l’autre et l’atmosphère morale, l’esprit qui s’en dégage et anime l’institution tout entière. Voilà ce qui, aux États-Unis, est essentiellement variable, essentiellement instructif par consé-