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souvenirs d’amérique et de grèce.

beaucoup. Dans ce grand village dont l’unique rue n’offre guère de ressources à la jeunesse frivole, il est impossible de mener la vie de paresse et de dissipation qui fut jadis celle des étudiants d’Oxford et de Cambridge et que quelques-uns y mènent encore.

De l’endroit où nous avons interrompu notre promenade, le regard embrasse tout le campus: les façades en granit rose, les rosaces, les toits élancés de la Faculté des sciences ; — l’École des beaux-arts, où la brique et la terre cuite se combinent harmonieusement ; — la Bibliothèque en rotonde avec ses hautes fenêtres à vitraux ; — la chapelle enfin, vaste temple presbytérien aux voûtes robustes et grandioses. Princeton a été fondée par l’Église presbytérienne et une Faculté de théologie s’y trouve encore adjointe. Inutile de dire que depuis longtemps l’université a perdu son caractère confessionnel et s’ouvre à tous les cultes. Au delà du campus, disséminés dans les alentours, sont les jolis cottages des professeurs et les Eating clubs, pensions où les étudiants vont prendre leurs repas. Puis la campagne s’étend, fraîche, ondulée, très verte. Ce cadre paisible porte à l’étude et encourage l’effort comme d’autres paysages incitent à l’indolence et au farniente.

Les États-Unis donnent facilement aux observateurs superficiels l’impression d’une certaine monotonie dans les paysages comme dans les institutions.