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le mouvement universitaire aux états-unis.

fesseur Mac Master a dépassé son maître : il a trouvé le moyen de raconter l’indépendance des États-Unis sans prononcer le nom de La Fayette !

Que peut-on en présence de ces faits ? Est-il trop tard pour rétablir la tradition d’amitié ? Ce que n’a pu faire la belle statue symbolique de Bartholdi, y a-t-il un moyen plus modeste, mais plus effectif d’y parvenir ? Oui, par les universités. C’est sur cette jeunesse sans préjugés et sans idées préconçues qu’il faut agir en la mettant à même « d’apprendre la France moderne », qu’elle ignore si complètement. Il faut écrire pour elle, aller lui parler, placer sous sa main les livres qui nous honorent au lieu de ceux qui nous déshonorent. Mais, avant d’en arriver là, il faut convaincre la France elle-même que l’Amérique est digne d’un tel effort.

Le débat public sur un sujet emprunté à la littérature et plus volontiers la politique est fort en honneur dans les universités transatlantiques. J’ai donc songé à fonder des prix pour des débats annuels sur la politique française contemporaine. J’en ai fondé trois qui sont disputés depuis deux ans non sans succès, l’un à Princeton, l’autre en Louisiane et le troisième en Californie. La Nouvelle-Orléans et San Francisco sont des centres de culture française ; on y lit plus volontiers nos auteurs, on y parle notre langue. Nos artistes dramatiques vont s’y consoler de l’accueil qu’ils reçoivent ailleurs et qui ne répond pas toujours à leur attente. Pour ces concours, les étudiants choisissent eux-mêmes le sujet de discussion dans les limites indiquées par le règlement ; ce