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prétention : quant à la première, la légende en a subsisté jusqu’à nos jours.

Tel était, à la veille de l’agression perse, l’état de choses en Grèce. Pour être complet, il faut ajouter pourtant quelques mots concernant trois institutions dont la forme un peu imprécise a longtemps dissimulé l’importance réelle. Et d’abord, l’oracle de Delphes. Apollon était censé s’y exprimer par la voix de la Pythie, femme sans culture, choisie par le collège des prêtres et dont les paroles étaient non seulement inspirées, mais recueillies et interprétées par eux. Or, en serrant de près l’histoire du sanctuaire delphique, on a reconnu qu’il y avait eu là une sorte de conservatoire de l’Hellénisme et d’Office directeur de ses énergies. J. de Crozals a pu dire en toute vérité que « pendant plusieurs siècles, il ne se fit rien de grand dans le monde grec que l’oracle de Delphes ne l’eût inspiré, prévu, favorisé… ». Cessons donc de ne voir là que superstitions et supercheries, car il convient de reconnaître que l’adoucissement des mœurs, le sentiment croissant de la dignité de l’homme libre, la stricte observation de la loi morale, le respect de la parole donnée, le développement des vertus sociales et de l’esprit d’entreprise furent les directives presque constantes des hommes remarquables qui siégeaient à Delphes. Ainsi s’expliquent l’extraordinaire renom dont bénéficiait l’oracle, le nombre et l’ampleur des ambassades qui venaient le consulter, les richesses enfin qui s’accumulaient autour de lui. C’est par là, du reste, que la corruption s’introduisit et que le déclin de son prestige s’affirma.

Tandis que le pur esprit hellénique rayonnait