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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/28

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de la sorte des bords du golfe de Corinthe entretenant l’unité intellectuelle, le Conseil amphyctionique, avec moins de lustre mais guère moins d’efficacité, maintenait en contact les États grecs sur le terrain des intérêts matériels. Les amphyctionies, qui portaient le nom d’un personnage légendaire réputé leur fondateur, avaient été de bonne heure en usage. C’étaient des conventions entre deux ou plusieurs États, fixant certains points d’entente et visant en général à éviter des conflits ou à en limiter l’étendue. L’idée de trêve sacrée que le moyen-âge devait reprendre et utiliser était à la base de ces conventions. Par la suite, l’idée d’arbitrage y pénétra également. Avec le temps, les amphyctionies se ramenèrent à deux dont l’une s’assembla chaque printemps à Delphes et l’autre chaque automne aux Thermopyles. Puis, il n’y en eut plus qu’une seule qui revêtit dès lors le caractère d’une véritable confédération. Douze « peuples » en faisaient partie. Chaque groupe qui pouvait comprendre plusieurs États avait droit uniformément à deux voix. Rien de plus intéressant à suivre que le prudent travail du conseil ainsi formé. Ses membres semblent avoir eu pleine conscience de leur rôle à la fois étendu et restreint. L’esprit d’indépendance des cités était trop intense pour qu’il fût alors possible de leur superposer les rouages d’une direction fédérale complète. Mais on pouvait faciliter leurs relations, amortir leurs contacts, créer à leur usage une sorte de droit public. Le Conseil amphyctionique n’y manqua pas et lorsqu’on le voit, par exemple, prescrire aux belligérants des suspensions d’armes pour l’ensevelissement des morts ou bien interdire de couper les conduites