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dement — d’esprit sportif, mais à cause de cela, Sparte finit par s’en désintéresser et s’abstenir plus ou moins d’y prendre part. Or c’étaient là comme les assises ethniques de l’hellénisme. La race s’y retrouvait par dessus les inimitiés de famille, les rivalités d’intérêt momentanément oubliées. Elle s’y retrempait dans la conscience de son unité et s’y fortifiait dans la foi en son destin.

En l’an 546 av. J.-C., ainsi que nous l’avons vu en étudiant l’histoire des Perses, Cyrus s’empara de la Lydie et l’annexa. Une entente, d’abord un peu boiteuse, mais devenue très intime, existait entre les cités grecques d’Asie Mineure et le royaume Lydien qui les enrichissait et les protégeait en retour d’une suzeraineté peu gênante et dont les rois de Lydie se trouvaient grandement flattés. À la place de Crésus, monarque hellénisé se dressa tout à coup un roi de Perse qui ne l’était aucunement et qu’au contraire ses victoires tendaient à griser. Les Hellènes considéraient les nouveau-venus comme des barbares. La révolte qui couvait finit par éclater. Milet appela au secours. Sparte refusa son aide, mais les Athéniens lui envoyèrent vingt navires dont les équipages joints à ses propres troupes poussèrent un raid audacieux jusqu’à Sardes qu’ils incendièrent (497). En représailles de quoi Darius qui occupait maintenant le trône de Perse détruisit Milet (494) et poursuivit les navires hellènes, mais la défaite qu’il leur infligea ne le débarrassa point d’eux. « On n’en avait jamais fini avec ces Grecs, comme dit Hatzfeld. Quand ils étaient vaincus, ils se faisaient pirates et restaient aussi