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d’eau ou de détruire les édifices ou encore spécifier qu’aucun monument commémoratif ne sera élevé par les vainqueurs d’une bataille livrée entre Hellènes, afin de ne pas attiser l’esprit de revanche, on comprend la part qui revient à l’influence amphyctionique dans le développement de la civilisation hellénique.

La troisième des institutions dont nous parlons est la plus connue, mais non point la mieux comprise. Il s’agit des grands Jeux périodiques : les Jeux Isthmiques, Néméens, Pythiques qui se tenaient dans les régions de Corinthe, de Némée, de Cressa et surtout les Jeux olympiques que l’on célébrait à Olympie tous les quatre ans. L’union intime du sport et de la religion qui caractérisait ces fêtes a déconcerté la postérité, troublée d’ailleurs par leur apparente origine dorienne. Les Doriens cultivaient la gymnastique en raison de son utilité corporelle, disciplinaire, militaire ; et cela explique que les termes techniques en fussent généralement empruntés à leur dialecte. Mais bien avant leur arrivée en Grèce, s’y était manifestée la présence de l’instinct sportif. Les Hellènes du temps de l’Iliade apercevaient déjà dans le sport une marque de noblesse pour qui s’y adonne et « une façon d’honorer les Dieux ». « La plus grande gloire pour un homme, dit un héros de l’Odyssée, est d’exercer ses pieds et ses mains. » Et ils comparaient le non-sportif à celui qui, sur un bateau « n’aurait souci que du gain et des provisions ». En somme, deux conceptions de l’exercice physique que, depuis, on a souvent cherché à concilier et vainement car elles sont opposées. Ce fut l’hellénique qui l’emporta sur la dorienne. Non seulement les Jeux olympiques se pénétrèrent — et très rapi-