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nicipalisme exalté qui avait si souvent compromis la fortune de la Grèce continuât de sévir, des Ligues s’étaient formées mais qui se contrecarraient et qu’animait en somme un esprit de lutte sociale. L’une, la Ligue étolienne portait le nom de la région centrale, âpre et fruste, où elle avait pris naissance ; démagogique d’allures et d’instinct, puissante d’ailleurs et pouvant mettre sur pied des forces militaires sérieuses, elle englobait tout le nord de la Grèce avec des ramifications locales en Thrace et en Asie-Mineure. L’autre, la Ligue achéenne constituée vers 280 par quelques villes du Péloponnèse, s’inspirait plutôt d’idées conservatrices. Aratus qui la dirigea habilement lui donna de l’importance en y faisant entrer Corinthe et Sycione (252-243). Un texte découvert dans les fouilles d’Épidaure en 1917 montre que la ligue avait non seulement une armée, mais un parlement composé de députés de chacune des villes en faisant partie. Ces divers rouages qui eussent pû être des rouages de salut public si le caractère national n’en avait pas été défiguré par les passions politiques servirent au contraire à provoquer et à entretenir la guerre civile. Sparte à vrai dire ne cessa d’y travailler, fidèle jusqu’au bout à ses traditions d’intrigues et de déloyauté. Lorsqu’en l’an 200, les Romains débarquèrent en Grèce, la Ligue étolienne se déclara en leur faveur mais s’étant ensuite ravisée, elle invoqua le secours du roi de Syrie, Antiochus lequel intervint avec des forces très insuffisantes. Les Romains l’ayant vaincu et chassé, eurent aisément raison d’un ultime essai de résistance unifiée auquel est attaché le nom de