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Philopœmen. Avec ce noble citoyen disparut le dernier champion de l’indépendance hellénique.

La Sicile et les villes grecques d’Italie avaient depuis longtemps déjà perdu la leur. Ayant généralement marqué leur impuissance à s’organiser en démocraties raisonnables, elles s’étaient données — Syracuse surtout — à des « tyrans », c’est-à-dire à des dictateurs permanents issus du suffrage populaire, mais enclins à y substituer le droit héréditaire et y réussissant par périodes. C’est ainsi que Gélon et ses deux frères Hiéron et Trasybule avaient gouverné Syracuse pendant vingt-deux ans (488-466). Les excès de Trasybule, fort inférieur à ses prédécesseurs, amenèrent une révolution démocratique et, pendant un demi-siècle, l’esprit athénien domina. Après 415, les aristocrates reprirent le pouvoir mais ne purent le garder. Un nouveau « tyran » Denys (405-367) releva la puissance syracusaine et prit figure de conquérant. Il soumit toute la Sicile, fonda Ancone, intervint en Épire, fit alliance avec les Celtes, ravagea les côtes étrusques. Ce n’était pas d’ailleurs un véritable hellène. Très personnel, assoiffé de richesse et de puissance, il se souciait peu des intérêts de l’Hellénisme qui profita quand même de ses succès. Après lui, Denys le jeune suivit la même politique. Le sage philosophe Dion prit la tête d’un mouvement qui le renversa, mais bientôt le peuple trouvant insupportable la vertu des nouveaux dirigeants, rappela Denys. De 335 à 316, des guerres civiles se succédèrent sans résultats, puis Agathocle établit son autorité. La situation devenait de plus en plus difficile avec l’hostilité carthaginoise d’un côté et, de l’autre, la pression croissante de la puissance romaine.