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par la légèreté des structures, l’originalité des équilibres et la somptuosité des revêtements.

La tragédie byzantine présente, comme la tragédie chinoise, cette particularité de se diviser en actes successifs entre lesquels s’étendent de lents et confus entr’actes. Mais en Chine les actes se ressemblent ; il s’agit toujours du même objet : la réfection de l’unité nationale périodiquement brisée. À Byzance, au contraire, une extrême variété s’y révèle. Nous avons vu Justinien s’essayer à restaurer le passé politique romain ; nous allons voir les empereurs qu’on nomme « iconoclastes » donner la première formule du modernisme religieux. Entre les deux époques l’intervalle est considérable, près d’un siècle et demi (565-717). D’abord tout va mal : la liquidation de l’œuvre de Justinien est laborieuse. Justin ii son neveu s’y emploie, puis l’empereur Maurice, impopulaire parce qu’il a le courage d’être économe. La succession est irrégulière. Héraclius, fils du gouverneur de l’Afrique, règne de 610 à 641. C’est un glorieux combattant. Il écarte le péril perse mais le péril arabe maintenant formidable a raison de sa valeur. Des conquêtes de Justinien, il ne reste plus guère. Les deux tiers de l’Italie sont tombés dès 568 aux mains des Lombards. Voici les Arabes qui s’emparent de la Syrie, de l’Égypte, enfin de l’Afrique du nord. Byzance est assiégée cinq années durant (673-678) mais Constantin iv (668-685) repousse les assaillants. Suivent vingt années d’anarchie. L’empire mutilé, privé du blé d’Égypte, en proie à mille difficultés est exposé aux incur-