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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/95

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L’Europe au sein de laquelle éclata soudain la nouvelle qu’il y avait encore des Hellènes et qu’ils réclamaient leur liberté ressemblait à une classe étroitement surveillée à la suite de l’équipée d’un écolier et de l’effervescence manifestée par les camarades du délinquant. Les gouvernements faisaient figure de pédagogues soupçonneux, irritables, prompts à distribuer arrêts et pensums, anxieux en tous cas de réprimer la moindre velléité d’insubordination concertée. Le péril pourtant n’était pas si grand. Sans doute on voyait de tous côtés des mécontents, des agités mais en petit nombre et plus bruyants que résolus. Les peuples fatigués n’aspiraient qu’au repos et à tout prendre, il n’était pas mauvais qu’après l’énervante et décevante épopée que l’on venait de vivre, l’horizon se limitât pour un moment à un idéal d’inactivité. Cet état de choses n’était point né spontanément. Il était issu du fameux Congrès de Vienne lequel assemblé en 1814 et brusquement interrompu par la réapparition de Napoléon échappé de l’île d’Elbe, avait repris en 1815 et abouti à une série de conventions visant à régler le sort de l’Europe de façon durable. De ces conventions, les unes renfermaient des clauses territoriales[1], tandis que

  1. La Belgique avait été réunie à la Hollande sous le sceptre du prince d’Orange qui prit le titre du roi des Pays-Bas. La Lombardie et la Vénétie étaient attribuées à l’Autriche. La Prusse eût voulu annexer les états du roi de