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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/96

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d’autres posaient des règles générales de conduite. C’est ainsi que la Russie, l’Autriche et la Prusse avaient créé une véritable Société des Nations à laquelle les autres puissances étaient conviées à adhérer. Ce fut la « Sainte alliance » ainsi nommée à cause du préambule emphatique qui lui donnait la religion pour base.

La Sainte alliance ne dura que dix ans (1815-1825) ; elle ne pouvait vivre beaucoup plus en raison des intérêts contradictoires de ses dirigeants. Les historiens de l’avenir ne manqueront pas de la rapprocher de la Société des Nations édifiée un siècle plus tard. Ils mettront en parallèle le mysticisme et le demi-libéralisme du tsar Alexandre avec les bonnes intentions et les « quatorze points » du président Wilson. Ils observeront dans les deux cas une Allemagne méfiante, une France vouée au jeu stérile du balancier, une Angleterre inconsciemment hypnotisée par la perspective du profit immédiat. Ils noteront ici et là les mêmes pommes de discorde : la question polonaise, les problèmes balkaniques… surtout ils apercevront sous le manteau des principes juridiques la même aspiration à conclure un pacte de sécurité qui garantisse aux possédants la jouissance paisible de leur bien ; de quoi résulte forcément le droit d’intervention les uns chez les autres, pierre d’achoppement de toute union de ce genre.

    Saxe, allié fidèle de Napoléon et la Russie s’emparer du grand duché de Varsovie que l’empereur des Français avait établi comme embryon d’une nouvelle Pologne. C’est en suscitant l’hostilité anglaise et autrichienne contre ces ambitions que Talleyrand parvint à Vienne à disjoindre la coalition formée contre la France. Quant aux limites territoriales de la France, elles étaient ramenés à l’état de choses existant en 1792.