Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97

nes populations autochtones destinées à perdre ce qui leur restait encore de leurs passés respectifs mais ayant conservé la religion chrétienne et ayant, à ce titre, droit à quelque protection encore qu’il s’agit d’un christianisme entaché de superstition aux yeux des protestants et tenu par les catholiques pour schismatique. Du sein de cette opinion ne tarda pas à se détacher une petite élite plus avertie des choses de l’orient. Lord Byron, Chateaubriand et d’autres moins illustres qui avaient visité ces régions en pouvaient parler en connaissance de cause. Bientôt d’ailleurs, les exploits des Hellènes fournirent le meilleur des aliments à l’enthousiasme de leurs partisans.

En réalité, ce n’était pas seulement le sort de la Grèce qui était en jeu mais aussi celui des Serbes, des Bulgares, des Roumains. Comme nous l’avons déjà vu, le joug ottoman s’était appesanti sur eux tous de façon opprimante et cruelle, certes, mais sans tendance à les supprimer collectivement et encore moins à les assimiler. À mesure que l’empire ottoman voyait sa force décroître, l’étau tendait donc à se desserrer et les nationalités opprimées à se reconstituer ouvertement. Le sultan n’exerçait plus qu’une ombre de pouvoir. À Constantinople, les terribles Janissaires lui dictaient à tout moment leurs volontés. Alger, Tunis, Bagdad, la Syrie, l’Albanie, la Bosnie étaient aux mains de vassaux dont la vassalité était toute fictive. Quant au