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CHAPITRE VI.

à Mercure est un instrument heptacorde. Or, on sait que c’est Terpandre qui compléta la lyre, en ajoutant trois cordes à l’antique luth des aèdes. L’Hymne à Mercure n’a donc pu être composé que depuis l’invention de Terpandre, c’est-à-dire vers la seconde moitié du septième siècle avant notre ère. Or l’Hymne à Apollon Pythien l’a été antérieurement à une guerre qui appartient à la première partie du sixième siècle.


Hymne à Vénus.


L’Hymne à Vénus contient le récit des amours de la déesse avec le Troyen Anchise. Vénus se montre à Anchise sur le mont Ida, sous la forme d’une jeune princesse phrygienne. À son départ, elle se fait connaître ; elle annonce à Anchise qu’il naîtra d’eux un fils ; mais elle lui défend de jamais révéler le secret de la mystérieuse naissance de cet enfant, à moins qu’il ne veuille lui-même encourir la vengeance de Jupiter. C’est à quelque Homéride qu’il faut attribuer l’Hymne à Vénus. Tout y a, pour ainsi dire, la senteur homérique : le sujet lui-même, le ton général du style, le soin que met le poëte à ne pas s’écarter de la tradition consacrée par Homère. Ainsi, Homère avait dit : « Énée régnera sur tes Troyens, et les fils de ses fils, dans les siècles futurs[1]. » L’auteur de l’hymne dit à son tour : « Tu auras un fils qui régnera sur les Troyens ; et sa postérité ne s’éteindra jamais[2]. » On conjecture même que ce chant a été composé pour flatter la vanité de quelqu’un de ces princes des contrées voisines de l’Ida, qui se prétendaient les descendants d’Énée, et dont les familles subsistaient encore vers l’époque de la guerre du Péloponnèse. Mais nul ne pourrait fixer, à deux siècles près, la date de l’Hymne à Vénus. Ce morceau, du reste, est assez court : c’est une narration rapide et coulante, mais qui se distingue plus par l’absence de tout défaut que par de grandes qualités.

  1. Iliade, chant XX, vers 307, 308.
  2. Hymne à Vénus, vers 197, 198.