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POËMES CYCLIQUES.

maque, la belle épouse d’Hector, que les chefs des confédérés achéens lui avaient donnée en possession comme une satisfaisante récompense de sa valeur. Il fit monter aussi sur ses navires voyageurs le fils du belliqueux Anchise, l’illustre Énée, portion du butin distinguée entre toutes, que lui avaient décernée les enfants de Danaüs, pour qu’il l’emmenât avec lui. » Si Leschès n’avait jamais fait que des récits de cette sorte, il n’est pas fort surprenant que la postérité ait laissé périr son ouvrage et presque son nom.


Agias et Eugamon.


Le poëme intitulé les Retours, par Agias de Trézène, reliait à l’Odyssée les épopées d’Arctinus et de Leschès. Agias racontait comment Minerve, pour commencer sa vengeance, avait excité une querelle entre les deux Atrides ; puis il retraçait les aventures diverses de chacun des deux frères. C’était là vraisemblablement le principal sujet qu’il eût traité, car le poëme est cité plus d’une fois sous le titre de Retour des Atrides. Cependant Agias avait aussi donné place dans ses chants à Diomède, à Nestor, à cet Ajax locrien qui périt misérablement dans une tempête, à tous les héros enfin dont les infortunes éveillaient, dès avant Homère, le génie des aèdes et la compassion des hommes. Les Retours étaient divisés en cinq parties ou livres, et devaient former une somme de plusieurs milliers de vers. De tous ces vers, il n’en reste que trois ; encore n’ont-ils rien qui rappelle le sujet du poëme, puisqu’il s’y agit du rajeunissement d’Éson par Médée.

Il reste bien moins encore de la Télégonie d’Eugamon le Cyrénéen, qui était le complément de l’Odyssée et du cycle poétique tout entier. Il ne s’en est pas conservé un seul vers. Cette épopée s’ouvrait par le récit des funérailles des poursuivants, massacrés par Ulysse. Mais on ne sait pas très-bien de quels événements Eugamon l’avait remplie. Télégonus, son héros, était fils d’Ulysse et de Circé. Il est probable que le poëte avait conté les voyages de ce jeune homme à la recherche de son père. Télégonus finissait par aborder à Itha-