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CHAPITRE I.

et parents assez proches, non seulement de leurs voisins, mais de bien d’autres encore : de ces Phrygiens, de ces Lydiens, qu’ils méprisaient ; de ces Perses, d’abord presque leurs maîtres, puis leurs sujets ; de vingt peuples enfin dont le nom même n’avait pas percé jusqu’à eux.

La science moderne a prouvé que les Hellènes, les Grecs, comme nous les appelons d’après le nom que leur donnaient les Romains, étaient venus de fort loin dans leur pays, et que ce grand courant de migrations, dont on peut suivre les traces du sud-est au nord-ouest, à travers l’Asie et l’Europe, les avait déposés sur cette terre prédestinée. On a confronté la langue d’Homère et de Démosthène avec ce qui reste des anciennes langues de l’Asie Mineure ; avec l’arménien moderne, empreinte presque effacée d’un type antique ; avec la langue primitive des Perses, conservée dans les livres attribués à Zoroastre ; avec le sanscrit, la plus ancienne des langues indo-européennes. On a constaté que tous ces idiomes, si divers en apparence, avaient une foule de mots dont les radicaux sont sensiblement les mêmes, et qui tous présentent, dans l’ensemble, la même structure grammaticale et les mêmes modes de dérivation et d’inflexion. Il est donc permis de conclure qu’une grande partie des nations de l’ancien monde appartenaient à la même famille. La parenté des langues est la preuve manifeste de la parenté des races.

Les peuplades qui occupaient le sol de la Grèce aux époques les plus reculées, Pélasges, Dryopes, Abantes, Léléges, Epéens, Gaucones et autres, y furent donc apportées, à une époque inconnue, par le mouvement qui semble entraîner la civilisation suivant le cours du soleil même. Quelles langues parlaient-elles à leur arrivée ? nul ne le saurait dire ; mais ces langues, à coup sûr, contenaient déjà en elles les éléments fondamentaux de ce que fut plus tard la langue grecque.

J’ai dit ce que nous savons. Les Grecs auraient pu en savoir autant que nous ; mais l’orgueil national les aveuglait. Ils ne voulurent jamais apprendre d’autre langue que la leur, ni admirer d’autre peuple qu’eux-mêmes. Cependant quel-