frappe au loin ; il tenait dans ses mains une lyre aux sons harmonieux. » Le mot lyre, à lui seul, prouverait que le Margitès n’était point d’Homère. Je serais fort embarrassé de dire en quoi consistait le poëme. Tout ce qu’on sait, c’est que Margitès y était présenté comme un sot, ou à peu près, qui avait une assez haute opinion de lui-même : « Margitès, suivant le poëte, dit quelque part saint Basile, à supposer que l’ouvrage soit d’Homère, n’était ni laboureur ni vigneron, et n’entendait rien à quoi que ce fût d’utile aux choses de la vie. » On a les deux vers dont saint Basile donne ici le sens, et un autre vers où il est encore question de Margitès : « Il savait beaucoup de choses, mais il les savait toutes mal. » La perte du Margitès est grandement regrettable. Cette satire, au jugement d’Aristote, avait été à la comédie ce qu’étaient à la tragédie l’Iliade et l’Odyssée. Les poëtes comiques y avaient trouvé le prototype des caractères qu’ils mettaient sur le théâtre, et du style approprié à la peinture des ridicules et des vices.
CHAPITRE VIII.
SUITE DE LA POÉSIE ÉLÉGIAQUE.
Mimnerme.
L’Ionie, à la fin du septième siècle, n’avait plus à craindre, comme au temps de Callinus, des barbares venus de loin. Mais elle n’était plus qu’une province du royaume de Lydie. Smyrne elle-même avait subi le joug des voisins qu’elle détestait. Un habitant de Smyrne, un sujet du roi de Lydie, pouvait être encore un homme de noble nature ; mais