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LYRIQUES DORIENS.

uns même lui attribuent l’invention du dithyrambe ; mais cette opinion n’est pas soutenable. Il excella dans ce genre, il le perfectionna sans doute, voilà tout ce qu’on peut affirmer. Nous n’avons que deux vers de Lasus, mais qui ne sont pas sans importance, car ils nous apprennent que le poëte se servait quelquefois, dans ses chants doriens, de l’harmonie ou de la musique éolienne. Malgré l’estime que faisaient de lui ses contemporains, il ne parait pas que ce fût un homme d’un goût parfaitement irréprochable. Du moins il se plaisait aux choses extraordinaires, aux tours de force. Il avait composé des odes dans lesquelles il était parvenu à se passer de la lettre sigma, dont le sifflement lui semblait trop désagréable.


Corinne.


Quant à Corinne, elle était de Tanagre en Béotie. Cinq fois, dit-on, elle l’emporta, dans les luttes poétiques, sur Pindare lui-même. Mais quelques-uns prétendaient qu’elle avait dû ses succès à l’ignorance de ses juges ou à l’effet de sa beauté, bien plus qu’au mérite de ses chants. Les fragments de ses poésies ne sont remarquables que par la mention du nom de Myrtis, autre poétesse béotienne, qui osait aussi descendre dans la lutte contre Pindare. Mais il y a un mot fort connu, qui peut donner une idée de la façon judicieuse dont Corinne entendait l’emploi des ornements mythologiques dans la poésie. Pindare lui lisant un hymne dont les six premiers vers, qui existent encore, contenaient presque, toute la mythologie thébaine : « Il faut, dit-elle, ensemencer avec la main, et non à plein sac. »


Timocréon.


Un autre contemporain de Pindare, que nous ne devons pas oublier non plus, c’est Timocréon de Rhodes. Il était à la fois athlète et poëte lyrique. Il passa une grande partie de sa vie à Athènes, mais il écrivit toujours dans le dialecte dorien. Il était l’ennemi acharné de Simonide, et Simonide lui rendait amour pour amour. Il poursuivit Thémistocle des