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CHAPITRE XII.

le jeune, son petit-fils, est cité comme auteur d’un ouvrage en prose. Simonide, après s’être fait une grande réputation dans sa patrie, vint se fixer à Athènes, auprès d’Hipparque fils de Pisistrate, qui eut pour lui les plus grands égards. Les Alévades et les Scopades de Thessalie l’attirèrent à leur tour à Larisse et à Cranon, probablement après la mort d’Hipparque, ou après l’expulsion de son frère Hippias. Enfin les deux tyrans siciliens Théron d’Agrigente et Hiéron de Syracuse honorèrent la vieillesse de Simonide, et s’honorèrent eux-mêmes en prodiguant au poëte de Céos des marques signalées de respect, d’estime et d’affection. Il passa plusieurs années en Sicile. Il eut même le bonheur, dit-on, de réconcilier les deux tyrans, au moment où leurs armées, des deux côtés du fleuve Gélas, n’attendaient que le signal pour engager le combat. Pendant les guerres Médiques, Simonide eut des relations assez intimes avec Thémistocle et avec Pausanias. Ce fut l’apogée de sa gloire littéraire. On le choisit, d’un consentement unanime, pour être le héraut des exploits des Grecs dans ces luttes immortelles ; et il célébra, sous toutes les formes, les journées de Marathon, de Salamine, d’Artémisium, et le triomphant désastre des Thermopyles.

Simonide fut probablement un des poëtes lyriques les plus féconds qu’il y ait eu au monde ; et la poésie lyrique n’était qu’une part, la principale il est vrai, des occupations de son génie. D’après un tableau votif dont lui-même avait rédigé l’inscription, il avait gagné, dans les concours poétiques, cinquante-six bœufs et autant de trépieds : or, c’était là des prix qu’on ne donnait que dans certaines solennités assez rares. Que serait-ce donc si le poëte eût énuméré toutes ses victoires dans tous les genres ? Et ces morceaux d’apparat n’étaient eux-mêmes, relativement au total de ses œuvres lyriques, qu’une portion assez peu considérable. Simonide passa plus de soixante ans de sa vie à chanter toutes les gloires de son pays, ou même, comme le lui ont reproché quelques anciens, tout ce qui brillait d’un éclat emprunté ou légitime. Il paraît que Simonide fut, suivant d’assurés témoignages, le premier poëte qui consentit à mettre, pour