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LYRIQUES IONIENS. SCOLIES.

et pour les Athéniens. » Ainsi l’inscription funéraire des morts de Marathon ; ainsi surtout l’épitaphe sublime de Léonidas et de ses compagnons de dévouement : « Étranger, va dire aux Lacédémoniens que nous sommes enterrés ici pour avoir obéi à leurs ordres. »


Bacchylide.


Bacchylide, neveu de Simonide de Céos, et qui vécut avec lui à la cour d’Hiéron de Syracuse, n’était pas un poëte méprisable. Il n’avait pas le génie de Simonide ; mais il rachetait, par la perfection du style et le fini de l’exécution, ce qui manquait à sa poésie de verve inspirée, d’invention, de passion, de pensées profondes, d’élévation morale. Comme son oncle, il avait chanté avec succès les vainqueurs des jeux publics de la Grèce, et de façon même à porter ombrage à Pindare. Ces bavards qui n’ont que de l’acquis, ces corbeaux qui poussent des cris contre l’aigle, ces ennemis personnels que le poëte thébain stigmatise en passant, dans la deuxième Olympique et dans d’autres ouvrages, c’étaient, suivant les commentateurs, Bacchylide et Simonide lui-même. Mais la haine de Pindare, légitime ou non, n’a rien ôté ni à Simonide de son génie, ni à Bacchylide de sa facilité élégante et gracieuse.

La plupart des fragments qui restent de Bacchylide n’ont pas le ton héroïque. Le poëte semble s’être arrêté de préférence aux scènes de plaisir, aux riantes et folâtres images. Il y a quelquefois des pensées qui rappellent Simonide. Ainsi, par exemple : « Il est bien peu de mortels à qui la divinité ait donné d’atteindre la vieillesse aux tempes chenues, en se conduisant comme il faut, et sans s’être heurtés contre l’infortune. » Ainsi encore : « Il est heureux celui à qui un dieu a fait don d’une part de biens, et qui mène une existence opulente, un destin digne d’envie ; car jamais habitant de la terre n’a été complètement heureux. » Mais Bacchylide parle trop du vin et de l’amour pour avoir été uniquement un disciple et un imitateur du poëte des thrènes et des plaintives élégies. Je ne doute pas qu’il n’ait chanté aussi souvent pour