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PINDARE.

dans les hautes régions, sans lui laisser le loisir de toucher un moment la terre. Le langage, dans les odes éoliques, est hardi et d’une marche moins régulière et moins facile à saisir. Les odes lydiennes sont en fort petit nombre, comparativement aux deux autres genres. Le mètre en est principalement trochaïque, d’une extrême douceur, et en parfait accord avec l’expression des sentiments tendres et religieux. Pindare n’a guère employé le mode lydien que dans les odes destinées à être chantées durant la procession qui se rendait au temple ou à l’autel, et où l’on implorait humblement la faveur de quelque divinité.


Versification de Pindare.


Il n’est pas aisé de dire ce que sont les vers de Pindare, ni même de déterminer où ils commencent et où ils finissent. Si les vers des odes pindariques étaient écrits sans distinction à la suite les uns des autres, on pourrait défier tous les métriciens du monde d’en retrouver les vraies divisions. Les manuscrits fournissent des indications suffisantes, quant à la division en strophes, antistrophes et épodes, ou, dans quelques cas, en strophes simplement. Quant au vers lui-même, ils permettent aux éditeurs à peu près de tout oser : les uns le donnent plus court, les autres plus long. C’est qu’en réalité il n’y a rien dans Pindare qui soit proprement vers, rien qui se scande et se mesure d’une façon incontestable comme l’hexamètre on le vers ïambique, ou même comme le vers de Sappho et celui d’Alcée. Chaque portion de l’ode n’est qu’une série continue de rythmes plus ou moins perceptibles, et que réglaient non pas les lois de la versification proprement dite, mais celles de l’accompagnement musical. A ceux qui parlent des vers de Pindare, ou qui se figurent qu’en grec comme en français, tout ce qui n’est point prose est vers et tout ce qui n’est point vers est prose, un homme instruit n’a qu’une question bien simple à faire, c’est de demander s’ils ont jamais scandé un vers, un seul vers de Pindare.