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PINDARE.

époux. Eh bien ! je t’en laisse parfaitement le choix : si tu veux, exempt de la mort et de l’odieuse vieillesse, habiter toi-même l’Olympe, avec Minerve et Mars à la lance noire de sang, ce sort sera le tien ; mais, si tu prends en main la cause de ton frère, et si tu songes à tout partager également avec lui, tu respireras la moitié du temps sous la terre, la moitié dans les palais d’or du ciel. »

« Ainsi parla Jupiter ; et Pollux n’hésita pas. Alors Jupiter rouvrit l’œil, puis la lèvre de Castor au baudrier garni d’airain. »


Fragments de Pindare.


Resterait maintenant à étudier les fragments des autres poëmes, pour y découvrir quelque face nouvelle du génie de Pindare. Mais ces fragments sont en général fort courts, et ces débris de péans, de prosodies, de dithyrambes, etc., n’ont rien de bien caractéristique, et n’offrent guère que des matériaux analogues à ceux qu’on peut admirer, resplendissants de tout leur lustre, et non pas frustes et endommagés, dans les odes triomphales. Ce sont, par exemple, des maximes morales, des métaphores hardies, des invocations à quelque dieu, des descriptions brillantes. Qui reconnaîtrait, dans une peinture, fort belle d’ailleurs, du bonheur des justes après la mort et du châtiment des méchants, ces thrènes où le poëte pleurait, comme dit Horace, un jeune époux ravi à une épouse désolée ? Il n’y a que les scolies, dont les reliques aient une véritable importance littéraire. Une de ces chansons, adressée au beau Théoxène de Ténédos, nous est parvenue tout entière ; une autre, sur les courtisanes de Corinthe, n’a que deux imperceptibles lacunes. Ce n’est point la fierté guerrière d’Hybrias, c’est encore moins la passion politique de Callistrate. Il ne s’agit que de plaisir et d’amour. Je regrette que la nature même des sujets ne nous permette point de transcrire ici ces petits chefs-d’œuvre. On y verrait Pindare sous un aspect bien différent de celui où nous sommes accoutumés à envisager le chantre des Hiéron et des Arcésilas. Le ton du poëte n’a plus rien de la gravité dorienne. Pindare se montre à nous avec un enjouement gracieux qu’on chercherait en