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CHAPITRE I. PRÉLIMINAIRES.

gers, ainsi ceux de Dionysus ou Bacchus, et d’Aphrodite ou Vénus, ne dépouillèrent pas, en se naturalisant dans la Grèce, toute leur barbarie première, en dépit des élégantes légendes appliquées par le génie grec à ces divinités transformées. Enfin, dans le secret de quelques sanctuaires, il se cultivait de hautes doctrines religieuses, dont les lueurs perçaient de temps en temps hors du cercle dés initiés.

Le premier mot de la philosophie spiritualiste, son premier bégayement fut un cri d’énergique protestation contre l’anthropomorphisme. Xénophane reproche rudement à Homère et à Hésiode d’avoir attribué aux dieux non-seulement les qualités et les vertus des hommes mais même des actes notés ici-bas de honte et d’infamie, tels que le vol, l’adultère et l’imposture. À entendre ce philosophe, si les animaux avaient des mains pour peindre et façonner des œuvres d’art comme font les hommes, ils représenteraient les dieux avec des formes et des corps semblables aux leurs : les chevaux en feraient des chevaux, les bœufs en feraient des bœufs. Une étude plus approfondie de la religion réconcilia les philosophes avec les symboles. La philosophie ne dédaigna même pas d’envelopper la vérité de voiles allégoriques. Les mythes de Platon sont célèbres ; et elle est d’Aristote, cette parole profonde : « L’ami de la science l’est en quelque sorte des mythes[1]. »



  1. Métaphysique, livre I, chapitre II