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CHAPITRE XVII.

Le spectacle était continu, depuis un bout de la pièce jusqu’à l’autre, et quelquefois d’un bout à l’autre de la trilogie, ou même de la tétralogie ; car le drame satyrique n’était, dans certains cas, qu’un prolongement et une conclusion de l’histoire déroulée successivement à travers les trois compositions tragiques. Les Grecs ignorèrent toujours ce que nous entendons par actes et par entr’actes ; et, comme on ne voit dans les pièces la mention d’aucun préparatif qu’il fût nécessaire de cacher, le rideau, si l’on s’en servait dans les temps anciens, ne fermait la scène qu’en attendant le commencement du spectacle, et peut-être aussi durant les intervalles d’une pièce à une autre.


Forme extérieure de la tragédie et du drame satyrique.


La tragédie, ainsi, que le drame satyrique et plus tard la comédie, avait pourtant des parties distinctes ; et les auteurs anciens nous citent quelquefois les noms de monodies, de stasima, de commata, d’exodes, et d’autres plus ou moins utiles à retenir. Sans entrer dans aucune discussion à ce sujet, je dirai que la tragédie antique se montre à nous comme un ensemble de chants lyriques et de dialogues, étroitement unis les uns aux autres, mais différant profondément et par le caractère et par les rhythmes poétiques. Les successeurs de Thespis avaient adopté pour le dialogue, et en général pour tout ce qui concernait l’épisode ou le sujet dramatique, le vers ïambique trimètre, qui se rapprochait plus que tout autre de la simplicité du langage courant, et qui était capable, comme dit Horace, de dominer les tumultes populaires. C’est en ïambes que parlaient les héros, soit entre eux, soit avec le chœur ; et le chœur leur répondait en ïambes. Quand le chœur se séparait en deux moitiés, pour délibérer sur quelque question perplexe, et qu’il s’associait ainsi, quoique indirectement, à l’action dramatique, il se servait aussi du mètre approprié à l’action, comme Horace caractérise encore le vers ïambique. Le vers trochaïque tétramètre ne paraissait que dans les circonstances où le dialogue prenait une couleur plus vive, une véhémence inaccoutumée, et qui