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ANCIENNE COMÉDIE.

matiques, semblent avoir été surtout des parodies antireligieuses. Les sujets en étaient pris dans la mythologie, et les dieux y jouaient des rôles plus ou moins bouffons et ridicules. C’est là qu’on voyait, par exemple, Jupiter transformé en gourmand obèse, Minerve en musicienne de carrefour, Castor et Pollux en danseurs obscènes, Hercule en brute vorace et insatiable. On admet généralement que l’original de l’Amphitryon de Plaute, et par conséquent de celui de Molière, était l’œuvre d’Épicharme. Ce qu’on ne saurait du moins contester, c’est que Plaute prenait souvent Épicharme pour modèle. Horace le dit en propres termes ; il dit aussi que les admirateurs de Plaute mettent le poëte latin sur la même ligne que le poëte sicilien. Cette seule remarque est de nature à nous faire vivement regretter la perte des comédies d’Épicharme ; mais ce qui rend les regrets plus vifs encore, c’est qu’Horace donne clairement à entendre que Plaute, dans ses imitations de la comédie dorienne, était resté bien au-dessous de son modèle. Nous n’avons pas même de quoi, dans les tristes reliques du génie d’Épicharme, contrôler sur aucun point ou l’opinion des admirateurs de Plaute ou l’opinion sous-entendue d’Horace.

Épicharme fonda en Sicile une sorte d’école poétique. Le plus célèbre des comiques siciliens après Épicharme, c’est Phormis. Nous le connaissons moins encore que son maître. On conjecture seulement que Phormis n’avait pas quitté les voies ouvertes par Épipharme, et que ses comédies, comme celles d’Épicharme, étaient avant tout des satires mythologiques, des parodies antireligieuses.


Caractère politique de la comédie athénienne.


La comédie athénienne, dans une démocratie ombrageuse et passionnée, devait être et fut avant tout une satire politique. Ce n’est pas qu’elle épargnât toujours les dieux, et qu’elle ne fît son profit de mainte scandaleuse légende peur égayer las auditeurs. Mais l’intérêt prédominant sinon unique de ses tableaux, c’était la critique des actes, des opinions, de toutes les fautes, de toutes les folies ; une critique acerbe,