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CHAPITRE II.

dire au culte secret de Déméter ou de Cérès, la terre nourricière. On faisait de Musée un Thrace, un disciple d’Orphée, et on lui attribuait de nombreux ouvrages. Il est tout aussi inconnu qu’Orphée aux poëtes de la haute antiquité. Son nom n’est probablement qu’un symbole : il signifie l’homme inspiré des Muses. Le symbole n’est même jamais arrivé à l’état de mythe complet. Ce Thrace, cet initiateur, cet homme inspiré des Muses, il n’a pas d’histoire ; il est une caste, une famille peut-être, il n’est pas un homme. Le gracieux poëme de Héro et Léandre est bien, il est vrai, d’un poëte qui portait réellement le nom de Musée ; mais ce poëte vivait douze cents ans au moins après Homère, ayant écrit, selon toute probabilité, plusieurs siècles après Jésus-Christ.


Les Eumolpides.


La famille sacerdotale des Eumolpides, d’Éleusis en Attique, qui exerça dès les temps reculés les plus importantes fonctions du culte de Déméter, et qui fournissait encore, dans l’âge historique, l’hiérophante des mystères, se prétendait issue d’un aède thrace, Eumolpus, personnage absolument inconnu d’ailleurs. Mais le nom d’Eumolpides, ou de bons chanteurs, n’est probablement point un nom patronymique. Il n’y faut voir, à l’origine, qu’une simple qualification, un surnom emprunté au caractère poétique de l’emploi des membres de la famille : ces prêtres étaient avant tout des aèdes religieux, des chantres d’hymnes sacrés. Leur soi-disant aïeul n’est autre chose peut-être que le symbole d’un héritage de poésie religieuse, transmis à l’Attique par les aèdes de la Piérie.


Autres aèdes religieux.


On chantait, à Éleusis, des hymnes attribués à Orphée et à Musée ; on en chantait aussi d’autres aèdes, et notamment de Pamphus. Les hymnes de Pamphus se distinguaient par un caractère de tristesse et de mélancolie. On en juge ainsi d’après l’unique tradition qui le concerne. C’est lui, dit-on, qui