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CHAPITRE XXIII.

ignore le sujet, et qui offrait probablement des qualités et des défauts analogues à ceux de son épopée. J’ajoute en passant qu’Antimachus avait travaillé à une nouvelle récension du texte d’Homère.


Critias.


Critias, qui fut un des trente tyrans d’Athènes, ne manquait pas d’un certain talent poétique. Les fragments qui restent de ses élégies, notamment celui où il fait l’éloge de la vertu des Spartiates, ne sont pas sans mérite ; mais c’est de la poésie un peu sèche, encore que les expressions soient quelquefois hardies et figurées. Les élégies de Critias semblent n’avoir été, pour la plupart, que des satires politiques. C’était du moins une satire, cette élégie où il disait à Alcibiade : « Le décret qui t’a ramené, c’est moi qui l’ai proposé dans l’assemblée ; c’est à moi que tu dois ton retour. Le sceau de ma langue est imprimé sur ces événements. »


Les véritables élégiaques du cinquième siècle.


Mais les véritables élégiaques du cinquième siècle, ce sont les trois grands poëtes tragiques. Nous ne savons pas jusqu’à quel point l’élégie d’Eschyle sur les morts de Marathon était au-dessous du génie de l’auteur des Perses. La victoire remportée par Simonide ne prouve pas que ce fût un chant sans valeur. Eschyle a excellé dans l’épigramme, qui n’était que l’élégie même, réduite à de plus étroites proportions. J’ai déjà cité son inscription funéraire ; en voici une autre, en l’honneur des Grecs morts aux Thermopyles, qui prouve qu’Eschyle pouvait rivaliser, dans le mètre de Tyrtée, avec les poëtes les mieux inspirés : « Eux aussi, ces valeureux guerriers, ils ont péri sous les coups de la sombre Parque, en combattant pour leur patrie aux riches troupeaux. Mais, tout morts qu’ils sont, elle est vivante la gloire de ceux dont jadis les robustes corps ont été ensevelis dans la terre de l’Ossa. »