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CHAPITRE XXXI.

mes de la poésie, même de la poésie lyrique. Les vers qui restent de lui, les débris de ses dialogues, de ses traités populaires, et le témoignage unanime des auteurs anciens, prouvent qu’il avait été, durant longtemps, le continuateur des traditions littéraires de l’Académie.


Vie d’Aristote.


Aristote était né en 384, à Stagire sur le golfe Strymonien. Nicomachus son père, qui était médecin d’Amyntas II, roi de Macédoine, le laissa orphelin fort jeune, sous la tutelle d’un certain Proxène, d’Atarne en Asie Mineure. A dix-sept ans, Aristote vint étudier à Athènes ; trois ans après il commença à suivre les leçons de Platon, et il ne quitta plus l’Académie qu’à la mort du philosophe. En 348, il retourne à Atarne, se lie d’amitié avec le tyran Hermias, et devient son gendre. En 345, Hermias est assassiné, et Aristote se réfugie dans l’île de Lesbos. Philippe, roi de Macédoine, l’appelle à sa cour, et lui confie l’éducation d’Alexandre. Quand Alexandre fut monté sur le trône, Aristote vint se fixer à Athènes, et ouvrit une école de philosophie, dans le gymnase nommé Lycée. Après la mort d’Alexandre, en 323, il fut obligé de quitter Athènes, pour échapper à une accusation d’impiété, et il s’enfuit à Chalcis en Eubée, où il mourut de maladie, vers la fin de l’année suivante, à l’âge de soixante-deux ans.


Poésies d’Aristote.


Cet écrivain, que nous connaissons si froid, si sec, si rude, si peu facile à entendre, a eu cette singulière fortune qu’en dépit des ravages du temps, nous possédons encore, de ses poésies, quelques échantillons assez beaux pour nous forcer à saluer en lui le premier poëte lyrique de son siècle, un vrai fils de Simonide et de Pindare, un poëte qui eût mérité, même à ce seul titre, même en un siècle plus favorisé des Muses, éloges et renom. Les fragments des chants épiques et des élégies d’Aristote sont trop informes ou trop insignifiants