Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
ARISTOTE ET THÉOPHRASTE.

pour qu’on puisse juger s’il avait marché d’un pied suffisamment ferme dans les voies d’Homère et de Tyrtée. Mais le scolie sur Hermias, qu’on nomme aussi l’Hymne à la Vertu, est une des plus pures et des plus sublimes inspirations du génie antique :

« Vertu, objet des travaux de la race mortelle, le plus noble but que puisse poursuivre notre vie ! pour ta beauté, ô vierge ! mourir même est dans la Grèce un sort envié, et endurer sans fléchir d’accablantes fatigues ; si vive est la passion que tu jettes dans le cœur, si pleins d’immortalité les fruits que tu portes ! fruits plus précieux que l’or, qu’un père ou une mère, que le sommeil qui nous repose à la fin du jour. C’est pour toi qu’Hercule fils de Jupiter, que les fils de Léda ont accompli de pénibles exploits, proclamant par leurs œuvres ta puissance souveraine. C’est par amour pour toi qu’Achille et Ajax sont descendus au séjour de Pluton ; c’est pour ta beauté chérie que le nourrisson d’Atarne [Hermias] a mis en deuil la lumière du soleil. Aussi est-il glorieux par sec œuvres ; et les Muses le rendront immortel, les Muses filles de Mnémosyne, qui célébreront en lui l’ami sûr et fidèle, l’observateur des lois de Jupiter hospitalier. »

On suppose que cette ode faisait partie du recueil lyrique cité sous le titre d’Éloges. D’ailleurs, son authenticité est incontestable. On la lit dans le Banquet des Sophistes, dans Diogène de Laërte et dans Stobée.


Dialogues d’Aristote.


Les dialogues d’Aristote étaient des ouvrages d’une lecture fort agréable, et égayés de tous les ornements qu’admettait ce genre multiple et divers. Un passage de l’Eudème, cité par Plutarque dans la Consolation à Apollonios, en fournit une preuve frappante : « O toi, le plus grand et le plus fortuné des hommes ! sache que nous estimons heureux ceux qui sont morts, et que nous regardons comme une impiété de mentir ou de médire sur leur compte, maintenant qu’ils sont devenus bien plus parfaits. Cette opinion est si ancienne, que personne n’en connaît ni l’auteur ni la première origine. Elle est éta-